Introduction
Les souffrances de la bandelette ilio-tibiale (ITB) sont fréquentes chez les coureurs (entre 5 et 14% des blessures des coureurs), et l’ITBS (Ilio Tibial Band Syndrom) est la blessure de surutilisation de la face latérale du genou la plus courante. Pourtant, de nombreux éléments relatifs l’anatomie de cette région, la fonction exacte de l’ITB et les facteurs responsables de l’apparition de douleurs sont encore assez mal connus. Quelles sont les connaissances actuelles ? Comment peuvent-elles influencer les traitements mis en place ?
1. Anatomie et fonction pas si claires que ça
Trois régions anatomiques sont à prendre en considération lorsque l’on évoque la bandelette ilio-tibiale : l’ITB elle-même, le gluteus maximus (Gmax) et le tenseur du fascia lata (TFL).
1. Le TFL
Il tire sur l’ITB en direction antéro-supérieure pour provoquer une flexion de hanche. Sa réelle fonction mécanique est difficile à identifier, de nombreuses études mettant en évidence des résultats contradictoires. Globalement, on peut considérer le TFL comme permettant la flexion, rotation interne et abduction (malgré des résultats controversés) de hanche, ainsi que la stabilisation du genou.
2. Gluteus maximus (Gmax)
Il s’insère sur l’ITB par sa portion supérieure (45-70% de la masse totale du Gmax) et la tracte postérieurement pour provoquer une flexion de hanche. D’un point de vue mécanique c’est le muscle extenseur principal de la hanche, et il participe également à la rotation externe et l’abduction de la hanche, ainsi qu’à la mise en tension de l’ITB.
3. La bandelette ilio-tibiale
Bien que l’insertion distale de l’ITB soit considérée par tous comme étant située au niveau du tubercule de Gerdy, d’autres hypothèses ont été évoquées par certains auteurs. Ces possibles variations compliquent la compréhension de la fonction de l’ITB.
Légende: Insertions distales possibles de la bandelette ilio-tibiale
1: Tubercule de Gerdy; 2: Insertion commune avec le ligament tibio-fémoral; 3: Portion supracondylaire du fémur (portion partagée avec le ligament collatéral latéral); 4: Le long de la ligne âpre; 5: Patella
L’ITB joue un rôle de transmission des forces des deux muscles Gmax et TFL à travers le genou et la hanche, et son comportement mécanique est en relation directe avec ces deux muscles. La littérature montre notamment que le genou est indirectement stabilisé par les muscles qui sous-tendent l’ITB. Cependant, les possibles variations anatomiques des attaches distales de l’ITB ont abouti à différentes conclusions sur le rôle exact de l’ITB sur la stabilisation du genou (stabilisation de la patella, stabilisation latérale du genou, réduction de la translation antérieure du tibia).
Pour assurer la stabilité de l’articulation il est probable que l’ITB présente certaines caractéristiques similaires à celles d’un tendon. D’autre part, cette bandelette serait également dotée de capacités de stockage-restitution d’énergie élastique de la même manière que le tendon d’Achille ou le fascia plantaire. Ceci lui permettrait par exemple d’emmagasiner jusqu’à 5% du travail positif total lors d’une course à allure modérée. Cette fonction serait concentrée dans la partie postérieure de la bandelette, où s’insère le Gmax.
2. L'ITBS : Pathologie de frottement ou de compression ?
Pathologie de frottement
Lors d’une flexion du genou supérieure à 30°, l’ITB passe de la partie antérieure du condyle fémoral latéral à sa partie postérieure. Les traversées répétées lors d’activités cycliques (course à pied, cyclisme) seraient responsables d’une irritation du tissu adipeux situé sous la bandelette ilio-tibiale.
VS
La bandelette ilio-tibiale est fixée à la partie distale du fémur (sauf sur la partie supérieure du condyle fémoral latéral). Ces points d’ancrages empêchent la traversée de l’ITB sur le condyle fémoral latéral, rendant très improbable un potentiel mécanisme de friction de la bandelette.
L’IRM a montré que lorsque le genou est fléchi à plus de 30°, la bandelette se comprime médialement contre le condyle fémoral, et que cette compression est de plus en plus importante à mesure que la tension de ses fibres postérieures augmente.. Cette compression est responsable d’une irritation de la graisse située entre l’ITBS et l’os.
Pathologie de compression
3. Diagnostic de l'ITBS
Douleur dans la partie latérale du genou, en général 2-3 cm au-dessus de l’articulation fémoro-tibiale (dans la région du condyle fémoral latéral).
EXCLURE :
- Douleur fémoro-patellaire
- Lésion méniscale latérale
- Syndrome de plica synoviale latérale
- Pathologie de stress du fémur
- Tendinopathie des fessiers et radiculopathie lombaire (provoquent souvent des douleurs dans la face latérale de la cuisse et du genou).
Apparition progressive, souvent précédée de :
Augmentation de la distance de course
Augmentation du volume de course en descente
Activités douloureuses :
Course à vitesse rapide
Course en descente
Descente d'escaliers
Test de compression de noble
- Seul test diagnostic.
- Prudence lors de l’interprétation des résultats (rapports de vraisemblance inconnus).
- Appliquer une pression manuelle sur la partie latérale du genou, 1 à 2 cm au-dessus du condyle fémoral latéral, alors que le genou est étendu passivement depuis 60° de flexion jusqu’à l’extension complète. La reproduction d’une douleur dans la partie latérale du genou lorsque le genou est en flexion d’environ 30° est considérée comme un test positif.
Tests d'ober classique et modifié
- Le genou est passivement fléchi à 90° tout en mettant la hanche en adduction et en extension en arrière de l’autre jambe (Ober classique). Pour le test modifié, le genou reste en extension complète afin de réduire l’influence du rectus Le test est positif en cas d’incapacité de poursuivre l’adduction au-delà de l’horizontale sous l’effet de la gravité.
Bon à savoir
Le test d’Ober repose sur l’hypothèse que l’ITB pathologique est plus raide que l’ITB saine. Mais aucun de ces tests n’évalue réellement la « raideur » de l’ITB. Au contraire, un test d’Ober (classique ou modifié) positif pourrait refléter une restriction de la capsule articulaire de la hanche et de la musculature du moyen et petit fessiers.
Faiblesse des abducteurs de hanche
- Bien que de nombreux patients souffrant d’ITBS présentent une faiblesse des abducteurs de hanche, celle-ci est considérée comme une conséquence plutôt que comme une cause de l’ITBS. La douleur ressentie lors d’un ITBS serait responsable d’une inhibition des muscles proximaux de la hanche (TFL et grand fessier) afin de réduire la tension au niveau de l’ITB.
4. traitement de l'ibts
Programmes à préciser
Mise en charge progressive
Exposition graduelle à des activités de plus en plus exigeantes
Programmes généralement mal décrits
Intensité ?
Volume ?
Fréquence ?
Utilité remise en cause / incertaine
Foam Rolling
- Modification de la souplesse de courte durée voire insignifiant.
- Antalgie temporaire (quelques minutes).
- Pourquoi comprimer l’ITB si l’ITBS est un syndrome de compression ?
Étirement de l’ITB
- Raideur de l’ITB identique chez les sujets sains et pathologiques.
- L’augmentation de la raideur de l’ITB serait plutôt un signe de résolution de l’ITBS que la cause de la pathologie
Renforcement hanche
- La faiblesse musculaire suit l’apparition de l’ITBS.
- Pas de justification biomécanique : le renforcement de la hanche n’entraîne pas de réduction de l’adduction de hanche pendant la course.
- Amélioration possible des qualités tissulaires de l’ITB possible avec le renforcement de la hanche
- Effet antalgique possible par le fait que tout exercice de mise en charge peut modifier le traitement central de la douleur.
Prometteur
Modification de la biomécanique de la course à pied
-
Largeur du pas
(une plus grande largeur de pas réduit la tension sur l’ITB)
Cadence
(une plus grande cadence réduit la tension et la vitesse de mise en tension d l’ITB)