Sport et grossesse : une nécessaire prescription de Carole Maître

Table des matières

1. un Suivi insuffisant des recommandations

  • Diminution importante de la pratique sportive au cours des trois trimestres de grossesse, tant en terme de durée que d’intensité de pratique.
  • L’activité physique n’est pas à risque lors de la grossesse, en l’absence de contre-indications.
  • L’activité physique pendant la grossesse est associée à une diminution des complications du type diabète gestationnel, et favorise une meilleure santé de la mère et de l’enfant.
  • Commencer ou poursuivre une activité physique est possible, à l’exception de la plongée sous-marine et des activités à risque de chute ou de traumatisme.
  • Une activité physique à intensité modérée, d’une durée de 30 minutes, et répétée 5 fois par semaine minimum (ou 150 minutes d’activité cumulée par semaine) est recommandée pour toutes les femmes en cours de grossesse.

Contexte

  • La femme ne représente que 37% des licenciés sportifs.
  • Faut-il pratiquer une activité physique / sportive au cours de la grossesse ?
  • Limiter la sédentarité pendant la grossesse et favoriser la reprise d’une activité post-partum sont deux facteurs importants permettant de lutter contre le surpoids / l’obésité.
  • Certaines recommandations permettent de choisir les activités à préconiser pour chaque patiente, en fonction du type et du niveau de pratique.

2. Des contre-indications peu nombreuses

  • La grossesse pathologique et la grossesse à risque sont les seules contre-indications absolues ou relatives à la pratique d’une activité physique lors de la grossesse.

Tableau 1  Contre-indications à l’exercice physique pendant la grossesse

Contre-indications absolues Contre-indications relatives
Rupture des membranes Grossesse gémellaire après la 28e SA
Travail préterme Antécédents de prématurité
Perte de liquide amniotique Fausses couches spontanées répétées
Retard de croissance intra-utérin Anémie sévère (hémoglobine < 10g/L)
Béance cervico-isthmique-cerclage Malnutrition
Placenta Praevia après la 28e SA Troubles cardiovasculaires ou respiratoires légers ou modérés
Métrorragies
Hypertension gravidique et pré-éclampsie
Grossesse multiple > 3 foetus
Maladies cardiovasculaires et/ou plumonaires grave

D’après l’American College of Obstetricians Gynecologists. 
SA : Semaine d’aménorrhée

3. Une physiologie favorable à la pratique sportive

  • Les adaptations cardiovasculaires et respiratoires lors de la grossesse sont en faveur de la pratique d’une activité physique.
  • A partir du 6ème mois, certains facteurs (prise de poids, développement abdominal de l’utérus, modification du centre de gravité, accentuation de la lordose lombaire et de la laxité ligamentaire) viennent contrebalancer ces atouts, et plaident en faveur de la pratique de sports non portés lors du dernier trimestre.

4. Des bénéfices nombreux

Prise de poids limitée :

  • L’activité physique au cours de la grossesse permet de limiter le surpoids au cours de la grossesse et est un facteur préventif du risque ultérieur de surpoids voire d’obésité.
  • Un suivi nutritionnel couplé à l’activité physique permet de favoriser la réduction de la prise de poids maternelle.
  • La prise de poids excessive lors de la grossesse a une influence non seulement sur l’augmentation du nombre de césariennes et du risque de diabète gestationnel, mais également sur le poids de naissance et l’obésité infantile.

Sport et diabète gestationnel :

  • L’activité physique induit une amélioration de la sensibilité à l’insuline, une meilleure tolérance au glucose, et retarde et diminue le besoin en insuline.
  • L’activité physique, en complément à une prise en charge nutritionnelle, est un traitement adjuvant du diabète.
  • La pratique physique régulière (au-moins 3 heures par semaine) d’intensité modérée aura également un effet préventif du diabète gestationnel.

Un bénéfice discuté sur la pré-éclampsie :

  • Vu les résultats contractoires concernant les relations entre l’activité physique et le risque de pré-éclampsie, il est important de la pratique sportive soit encadrée en terme de fréquence, intensité et durée, et qu’elle soit adaptée à chaque trimestre de grossesse.

Une pathologie veineuse diminuée :

  • L’activité physique diminue les œdèmes des membres inférieurs, améliore le retour veineux et diminue le risque de varice.

Un bien être psychique :

  • Diminution de la fatigue et l’anxiété du premier trimestre grâce à l’activité physique.
  • Diminution des dépressions post-partum chez les femmes ayant eu une activité physique pendant la grossesse.

5. Une obligation d’information au cours de la grossesse

3 principes clés

L’apparition de symptômes imposent l’arrêt de la pratique et la consultation médicale

(métrorragies, dyspnée, contractions utérines, céphalées, vertiges, retard de croissance intra-utérin, perte de liquide amniotique)

Règles de bonne pratique :

  • Hydratation complémentaire
  • apport énergétique adapté à partir de 13 semaines d’amménorrhée
  • échauffement progressif,
  • environnement aéré
  • pas d’exercice en décubitus dorsal à partir du 4ème mois de grossesse
  • pas d’exercice à une altitude supérieure à 1800m

La fréquence, intensité et durée de l’activité doivent être adaptées à la grossesse

Quelle dose d’activité physique ?

  • Fréquence: 3 fois par semaine, peut atteindre progressivement 4-5 fois par semaine. Pas de séances intenses deux jours de suite.
  • Intensité: 60-70% de la fréquence cardiaque maximale à correspond à un effort sans essoufflement important (possibilité de mener une conversation normale).
Fréquence Cardiaque (btt/min)
Avant l'âge de 20 ans 140-155
De 20 à 29 ans 135-150
De 30 à 39 ans 130-145
40 ans et plus 125-140
  • Durée: atteindre progressivement 30 minutes d’exercices par jour (peut aller jusque 40 minutes pour les femmes sportives).
  • Quelle activité physique choisir  ?

     

Activité Conditions
Activités recommandées Marche
Natation
Yoga
Vélo
Autres activités possibles
(en fonction du niveau de
pratique antérieure)
Jogging Jusqu’au 5ème mois sur terrain souple
Equitation Jusqu’au 2ème trimestre (limiter les allures)
Ski alpin Au 1er trimestre
Ski de fond Possible jusqu’au 2ème trimestre (faible dénivelé)
Tennis Pratique en double possible jusqu’au 5ème mois
Golf Jusqu’au 6-7ème mois

7. Quelques informations utiles

  • La pratique modérée et régulière sans contre-indication n’est pas la cause de fausses couches spontanées.
  • Le risque de prématurité n’est pas augmenté avec la pratique d’une activité physique.
  • Il n’y a pas de corrélation entre le niveau d’activité physique et le risque de retard de croissance intra-utérin ni un poids de naissance faible.
  • La pratique d’une activité sportive raccourcit la durée du travail lors de l’accouchement.

8. Sport et post-partum

  • Un délai de 6 à 8 semaines doit être respecté avant la reprise d’une activité progressive.
  • L’activité sportive n’a pas d’influence sur l’allaitement (veiller tout de même à bien s’hydrater et avoir une alimentation adaptée à la dépense énergétique).
  • D’abord faire un renforcement statique des grands droits, sans hyperpression abdominale, ainsi qu’un renforcement du périnée.

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